Tu t’es peut-être posé la question : pourquoi en psychomotricité, il n’existe pas autant de protocoles qu’en kinésithérapie ou orthophonie ? Après tout, comme dans les autres disciplines paramédicales, nous travaillons avec des patients qui méritent les meilleures interventions possibles, adaptées à leurs besoins et soutenues par des données probantes, non ?
Je sais bien qu’en tant que psychomotricien(ne), on a souvent cette peur de « se transformer en robot dénué d’humanité » si on se base sur un cadre méthodologique. Faisons le point ensemble : est-ce que c’est le cas, vraiment ? Et si la mise en place de protocoles pouvait, au contraire, enrichir notre pratique ?
Mais d’abord, c’est quoi un protocole en rééducation ?
Un protocole, c’est ni plus ni moins qu’une méthodologie d’intervention qui repose sur des données scientifiques actuelles. Prenons l’exemple d’un kiné : s’il travaille sur une rééducation post-opératoire du ligament croisé, il suivra des étapes précises, fixées en fonction des meilleures pratiques et validées par des recherches. C’est pareil pour un orthophoniste qui adapte son intervention selon la nature du trouble de son patient.
Alors pourquoi, nous, en psychomotricité, serions-nous réticents à franchir ce pas ? Appliquer un protocole ne signifie pas renoncer à individualiser nos soins, ni négliger la notion de relation tonico-émotionnelle qui est au cœur de notre métier. Cela représente simplement un cadre qui structure notre intervention, tout en restant ouvert à des ajustements pour chaque patient.
En fait, c’est faire le choix de l’excellence pour nos patients, en leur proposant ce qui a le plus de chances d’être efficace en fonction de leur profil. Adopter un protocole, c’est emprunter, ensemble, la meilleure trajectoire possible.
La place des protocoles dans la psychomotricité actuelle
Honnêtement, on ne va pas se mentir. À ce jour, les protocoles spécifiques en psychomotricité ne courent pas les rues. On en voit émerger quelques-uns comme le PIPS, le PEPS ou encore le RPFE (dont tu as peut-être déjà entendu parler ?). Mais il est vrai qu’on reste encore loin des standards appliqués dans d’autres disciplines.
Pourquoi ? Tout simplement parce que nous manquons de recherches spécifiques dans notre champ. Et si on remonte à la racine du problème, c’est lié à un fait tout simple : la psychomotricité ne propose pas encore de cursus de type master ou doctorat qui pourraient pousser le développement de la recherche.
Mais pas de panique ! Les psychomotriciens cherchent par d’autres moyens. Nos collègues chercheurs puisent dans des disciplines connexes comme la neuropsychologie, l’éducation ou encore la pédiatrie. De quoi construire des bases solides pour des protocoles un jour plus nombreux et mieux documentés.
Voici d’ailleurs à titre d’exemple 5 protocoles ou programmes actuellement à notre disposition. Ça t’intrigue, pas vrai ? Ces ressources sont détaillées et centralisées dans le fameux wiki de @Pensez_Psychomot. Si tu ne fais pas encore partie de la communauté, je t’invite à t’inscrire gratuitement ici pour avoir accès à ces pépites (et plein d’autres !).
Le PEPS : réinvention de la rééducation graphique
Le Programme d’Écriture Positif et Spécifique, ou PEPS, se distingue comme une méthode innovante pour la rééducation du graphisme en psychomotricité. Créé par des psychomotriciens passionnés, ce programme est centré sur l’approche « top down », autrement dit, axé directement sur la tâche à accomplir. Il s’éloigne des approches traditionnelles en se concentrant sur l’aspect global de l’écriture, prenant en compte non seulement la motricité fine mais aussi les aspects émotionnels et cognitifs de l’écriture.
Le PEPS propose une série d’exercices et de jeux qui stimulent les enfants pour les motiver tout au long du processus de rééducation. Ce programme est particulièrement efficace pour les enfants qui éprouvent des difficultés à écrire de manière fluide et lisible, leur donnant l’occasion de redécouvrir le plaisir d’écrire.
Concevoir des programmes sensoriels pour personnes avec autisme
Dans leur dernier ouvrage, Aurélien D’Ignazio et Olivier Gorgy nous présentent leur méthodologie pour conceptualiser des programmes sensoriels pour les personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Ce petit livre est un véritable guide pratique pour les psychomotriciens qui souhaitent mettre en place des stratégies sensorielles personnalisées. En détaillant le processus de conception de ces programmes, les auteurs permettent aux praticiens de mieux comprendre les besoins uniques de chaque patient avec autisme.
Le livre propose des exemples concrets d’activités sensorielles qui peuvent être intégrées dans les séances de rééducation. Par exemple, l’utilisation de matériaux variés pour créer des expériences tactiles, l’intégration de jeux de couleurs et de lumières pour stimuler la perception visuelle, ou encore l’emploi de musiques spécifiques pour apaiser et concentrer l’attention. Ces programmes visent à réduire les comportements perturbateurs et à améliorer la qualité de vie des personnes avec TSA en leur offrant des outils pour mieux réguler leurs interactions avec leur environnement.
RUBI, un PEHP pour la gestion des comportements perturbateurs
L’importance de fournir un soutien éducatif aux parents d’enfants avec autisme ne peut être sous-estimée. C’est là que ce programme structuré en 11 séances intervient, visant à accompagner les parents qui gèrent des comportements perturbateurs chez leur enfant. Élaboré avec soin, ce programme utilise une combinaison de thérapies comportementales et de techniques de management du stress pour aider les parents à instaurer un climat familial plus harmonieux.
Ce programme enseigne, entre autres, des techniques de renforcement positif, des méthodes de communication renforcée et des stratégies de gestion des crises. Chaque session est conçue pour être progressive, établissant les bases de l’autonomie pour les parents afin qu’ils puissent continuer le travail au-delà des séances formelles. Par exemple, en apprenant à identifier les déclencheurs de comportements indésirables, les parents découvrent comment intervenir efficacement et réorienter positive les interactions avec leurs enfants.
Groupes d’entraînement aux habiletés sociales pour enfants et adolescents
Les habiletés sociales sont cruciales pour le développement personnel et professionnel. Un programme spécifique, co-créé par un psychomotricien, propose des ateliers pour les enfants et les adolescents qui ont des difficultés relationnelles. Les groupes sont conçus pour être à la fois éducatifs et ludiques, permettant aux participants d’apprendre et de pratiquer diverses compétences sociales dans un cadre soutenant.
Au cœur de ces séances se trouvent des jeux de rôles, des discussions guidées et des exercices de groupe qui encouragent l’expression personnelle et la compréhension des règles sociales. Un exemple d’activité pourrait inclure l’analyse et la discussion de scénarios sociaux courants, aidant ainsi les enfants à développer des stratégies pour des interactions réussies. Les séances prennent en compte la diversité des besoins, en utilisant des outils visuels, des aides auditives et des techniques basées sur le mouvement pour adapter la formation à chaque type d’apprenant.
Les PEHP : pionnier de l’entraînement aux habiletés parentales
Les Programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales (PEHP) représentent un pilier fondamental dans l’accompagnement des familles dans le contexte paramédical. Alan Kazdin, un précurseur dans ce domaine, a développé des protocoles qui ont été validés par de nombreuses recherches. Son approche, qui se concentre sur le renforcement positif et la modification des comportements, fournit une base solide sur laquelle les parents peuvent s’appuyer pour mieux naviguer dans les défis quotidiens.
Les PEHP aident les parents à renforcer les comportements souhaités chez leurs enfants tout en atténuant les comportements inadaptés. Ce programme enseigne des techniques telles que l’engagement positif, la gestion des récompenses et les stratégies de résolution des conflits. Par exemple, à travers des ateliers interactifs, les parents apprennent à établir des routines claires à la maison, à appliquer une discipline bienveillante et à encourager l’autonomie chez leurs enfants en résolution de problème. En adoptant ces pratiques, les familles sont mieux équipées pour créer un environnement positif et dynamisant pour le développement de l’enfant.
D’autres outils pour enrichir ta pratique en psychomotricité
Ces méthodes et outils de protocoles d’intervention psychomotricité montrent comment une approche structurée et réfléchie peut transformer des séances de psychomotricité en véritables moments de progrès et de découverte pour les enfants et leurs familles. La richesse de ces ressources prouve qu’il y a toujours de nouvelles voies à explorer pour soutenir nos patients de la manière la plus efficace possible.
N’oublie pas que les formations continues et les échanges avec d’autres professionnels du secteur restent des moyens très efficaces pour rester à jour quant aux pratiques psychomotrices innovantes. En intégrant ces programmes dans ta routine professionnelle, non seulement tu développeras tes compétences mais tu sentiras aussi un impact positif sur ton approche thérapeutique.
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